Tonglen, Pratique ancestrale du Tibet

Textes extraits de l’ouvrage de Sogyal Rinpoché : Le livre tibétain de la vie et de la mort.

Un moyen puissant d’éveiller l’amour et la compassion est de considérer l’autre comme étant en tout point identique à soi-même.
« Après tout explique le Dalaï-Lama, tous les êtres humains sont semblables, faits de chair, de sang et d’os. Nous voulons tous le bonheur et voulons éviter la souffrance. De plus, nous avons tous un droit égal au bonheur. En d’autres termes, il est important de réaliser qu’en temps qu’êtres humains, nous sommes tous semblables.»
Se mettre à la place de l’autre est un moyen très puissant de déserrer l’emprise de l’égo et de libérer ainsi le coeur de compassion.

Tonglen (terme tibétain pour donner-recevoir ou envoyer et prendre) consiste à utiliser comme support le souffle pour prendre sur soi la souffrance des êtres et leur donner le bonheur.
La pratique Tonglen permet de développer une authentique compassion afin de la mettre en oeuvre au quotidien.

Pour accomplir cette pratique, divisez-vous en deux aspects, A et B.

A est l’aspect de vous qui est sain, rempli de compassion, chaleureux et aimant, tel un ami véritable, réellement désireux d’être là pour vous, à votre écoute et ouvert à ce que vous êtes, sans jamais vous juger, quels que soient vos défauts ou vos faiblesses.

B est l’aspect de vous qui a été blessé, celui qui se sent incompris et frustré, amer ou en colère. Il a peut-être été injustement traité ou même maltraité dans l’enfance. Il a souffert dans ses relations personnelles ou a été victime d’injustice sociale.

En inspirant, imaginez que A ouvre complètement son coeur, accueille et embrasse avec chaleur et compassion toutes les souffrances, négativités, douleurs et blessures de B.
Ému, B ouvre lui aussi son coeur et toutes ses douleurs et souffrances disparaissent dans cette étreinte emplie de compassion.
En expirant, imaginez que A envoie à B tout le pouvoir réparateur de son amour, toute sa chaleur, sa confiance, son bien-être, son assurance, son bonheur et sa joie.

Pensez à quelqu’un dont vous vous sentez très proche, en particulier une personne qui est dans la douleur.

En inspirant, imaginez que vous prenez sur vous avec compassion toute sa souffrance et sa douleur et, en expirant, dirigez vers elle chaleur, amour, joie, bonheur et guérison.

Maintenant, élargissez graduellement le cercle de votre compassion pour inclure d’abord d’autres personnes dont vous vous sentez très proche, puis celles qui vous sont indifférentes, celles qui vous déplaisent ou avec lesquelles vous êtes en conflit. Laissez votre compassion devenir universelle et accueillir dans son étreinte tous les êtres, sans aucune exception.

Ceci constitue la base de la pratique principale de Tonglen. Celle-ci comprend, un processus de visualisation plus riche encore.
La pratique de Tonglen permet de développer une authentique compassion afin de la mettre en oeuvre au quotidien.

Tonglen pratiqué sur les autres se retrouve en 2 versions différentes dans :

Sophrologie 7 couleurs : Bleu Amour et Compassion – L’étape 5 du programme « Les 7 couleurs de la Conscience » – Bleu – Amour et Compassion

 

Sophrologie Tonglen : La méditation ancestrale tibétaine – La séance « Tonglen » de la série Éveil

Question: « Si je prends sur moi la souffrance et la douleur de l’autre, est-ce que je ne cours pas le risque de me faire du mal ? »

Réponse de Sogyal Rinpoché: Ce dont vous pouvez avoir la certitude, c’est que la seule chose que Tonglen soit susceptible de blesser est celle qui jusqu’à présent vous a fait le plus de mal : votre propre ego, votre fixation égocentrique et votre amour de soi immodéré, qui sont la racine même de la souffrance.

Si, en effet, vous pratiquez tonglen aussi fréquemment que possible, cet esprit égocentrique s’affaiblira toujours davantage et votre véritable nature – la compassion – aura l’occasion d’émerger avec de plus en plus de vigueur. Plus grande et plus forte sera votre compassion, plus grands et plus forts seront votre courage et votre assurance. Ainsi, la compassion se révèle être, une fois encore, votre plus grande richesse et votre meilleure protection.

Si vous êtes quelque peu réticent ou incapable de faire la pratique complète, vous pouvez également effectuer celle-ci sous la forme d’une simple prière inspirée par le désir profond d’aider les êtres. Vous pourriez par exemple dire la prière suivante : « Puissé-je être capable de prendre sur moi la souffrance des autres. Puissé-je leur offrir mon bien-être et mon bonheur. » Cette prière créera des conditions favorables pour que s’éveille, à l’avenir, votre capacité de pratiquer Tonglen.

Ce grand secret de la pratique de Tonglen est connu des maîtres spirituels et des saints de toutes les traditions.
Le vivre et l’incarner, dans l’abandon et la ferveur d’une sagesse et d’une compassion véritables, est ce qui emplit de joie leur existence.

Une figure contemporaine qui a consacré sa vie au service des malades et des mourants et qui rayonne cette joie de « donner et recevoir »
est Mère Teresa.

Je ne connais pas de déclaration plus inspirante à propos de l’essence spirituelle de Tonglen que ses paroles :

Mere Teresa et Tonglen

Nous avons tous l’ardent désir d’être avec Dieu dans son royaume, mais il est en notre pouvoir d’être dans son royaume avec Lui en cet instant. Cependant, être heureux avec Lui, maintenant, signifie :
Aimer comme Il aime,
Aider comme Il aide,
Donner comme Il donne,
Servir comme Il sert,
Sauver comme Il sauve,
Etre avec Lui chaque heure et chaque seconde,
Le rejoindre là où Il a pris les apparences de la détresse.

Un amour aussi universel que celui-ci a guéri les lépreux de Géshé Chekhawa.
Il pourrait peut-être également nous guérir d’une maladie plus dangereuse encore : celle de l’ignorance.